Vous souvenez-vous de votre dernier torticolis ? Quand vous vouliez regarder à droite, pas de problème, mais à gauche, ouille ! Obligé(e) de jongler avec toutes sortes d’alternatives, cela reste possible de regarder à gauche mais que de difficultés !
Imaginez maintenant que l’on peut avoir une sorte de torticolis qui nous empêche de sourire, comme si les muscles nécessaires étaient douloureux. Ils seraient empêtrés dans un conflit interne semblable à celui qui vous empêchait de tourner la tête à gauche. Vient alors la question suivante : est-il envisageable que l’on vive mieux nos émotions en améliorant notre façon de contracter ou de décontracter certains muscles ? La question semblera osée à certain(e)s, aussi je vous propose quelques arguments.
Qui prétend que les émotions sont séparées du corps ?
Bienvenue dans un monde où le corps et les émotions se mélangent. Moshé Feldenkrais défendait, contrairement aux héritiers de Descartes, que le corps et l’esprit ne sont pas séparés. Vous trouverez matière à lire en allant vers le neuroscientifique Antonio Damasio, qui a signé l‘Erreur de Descartes. On y rencontre certains de ses patients qui, suite à des lésions cérébrales, ont conservé la capacité de mener des raisonnements parfaitement logiques, mais ont perdu l’aptitude à prendre des décisions telles que le choix d’un restaurant. Sans briser le suspense du livre, disons que Damasio défend un modèle où une décision se prend grâce aux émotions, car elles colorent telle ou telle pensée. Or Damasio défend aussi que ces émotions émergent ou sont amplifiées par ce qui se passe dans le corps, qu’elles font participer des régions du corps bien au-delà de la boîte crânienne.
Si l’on revient à Moshé Feldenkrais, sa première motivation a certes été de soigner un genou abîmé. Toutefois, différents éléments philosophiques l’ont conduit à finalement considérer que le mouvement n’était que la porte d’entrée vers un fonctionnement plus global. Plus précisément, il répétait que les quatre éléments suivants sont des facettes d’une seule et même entité : action – sensation – émotion – pensée. Ainsi, Feldenkrais a proposé des séances où l’on améliorait ses schémas de mouvement (action) mais il avait en tête une proposition plus large, où une renégociation des schémas de mouvement allait modifier des schémas de sensation, de vie émotionnelle ou de pensée.
Expérimentons pour sentir de quoi il s’agit…
Hum hum, tant qu’on n’y a pas goûté, on aura du mal à décider si l’on adhère à ce point de vue ou si on est contre. Dans les deux cas, on manque d’informations pour vraiment savoir. Ceux qui peuvent avoir des informations sur le sujet sont les bons comédiens, car on peut les considérer comme des athlètes de l’expression des émotions.
Mais si vous n’êtes pas comédien(ne) et que vous faites partie de « la vraie vie des gens qui éprouvent toutes sortes d’émotions », voici quelques propositions pour faire quelques pas sur ce terrain et mieux le connaître :
- j’ai donné une série d’ateliers intitulés « Corps et émotions », dont je suis fier et qui a été gratifiant grâce au retour émouvant de la part des participants et des internautes. Vous trouverez plus de détails sur ces séances ici;
- ces séances avaient été conçues en partie grâce à certaines pistes que nous avait léguées la regrettée Myriam Pfeffer, pionnière de Feldenkrais, et en partie grâce à la pensée développée dans l’Alba Emoting. C’est en anglais, mais vous pourrez en savoir plus sur cette tentative de mieux s’éduquer à exprimer ses émotions… Voici le livre si vous avez envie de le lire.
Lors d’une de mes journées de formation, Myriam Pfeffer nous a dit quelque chose comme : « Quand on se fâche, on se contracte vers une direction ; peut-être qu’en apprenant à aller librement dans l’autre direction, on peut se défâcher ? » Je compte jouer un peu avec ce thème dans les mois à venir, nous verrons ce qui émergera !