Photo de June Admiraal sur Unsplash
Un enfant s’approche de sa mère avec un grand sourire mais couvert de boue. Celle-ci mouille une serviette et le nettoie en disant “Oh là là, mon petit cochon !”.
Deux histoires complètement différentes peuvent s’écrire ici, selon la qualité de la relation entre ces deux acteurs :
- dans l’une, la maman fronce les sourcils et le frotte sans ménagement ; le message qu’elle adresse à son enfant est « tu es vilain, tu ne fais pas comme il faut, fais un effort, arrête ça. »
- et dans l’autre, la maman parle à « son petit cochon » avec amour et ce nettoyage est une occasion de plus de lui montrer qu’elle lui veut du bien.
Quand nous commençons une séance de Feldenkrais ou de Yoga avec l’intention de nous faire du bien, quelle histoire écrivons-nous ?
Quand une leçon nous invite à sentir jusqu’où un mouvement est facile, nous avons souvent le choix :
- nous pouvons rencontrer la limite avec un froncement de sourcils (souvent très très discret) et colorer l’expérience avec le sentiment d’inadéquation,
- ou bien nous pouvons nager dans le plaisir de la rencontre, des sensations et de la découverte et continuer de cultiver la paix qui naît de cette façon de nous rencontrer.
Nous entamons souvent une séance de Feldenkrais avec l’intention de nous faire du bien. « Oh ! évidemment, je vais faire comme la maman tendre et remarquer quand je suis raide avec moi-même. » Mais… telle une galerie de miroirs, nous pouvons aussi remarquer que nous pourrions tout à fait nous en vouloir de nous en vouloir, que nous fronçons les sourcils sur la partie de nous-même qui fronçait les sourcils… Bref, il se peut fort que nous nous fassions du mal en clamant avoir l’intention de nous faire du bien.
Par où commencer ? Je crois aux vertus de la pause, de vous contenter de sentir la soutien de votre fauteuil ou chaise alors que vous lisez ces lignes. Quand la respiration s’adoucit en même temps que les traits du visage et qu’on abandonne l’ambition de faire mieux, alors démarre un processus délicat qui ira en s’amplifiant. Un jour, on n’aura plus besoin d’y penser, on se nettoiera les mains en se disant « mon petit cochon » avec amour. ☺️