Sur le conseil d’une collègue allemande, je me suis offert une biographie de Moshé Feldenkrais… en allemand. Puisqu’une éditrice d’Albin Michel est en train d’en préparer la traduction en français (nous vous tiendrons bien entendu informé(e) des développements de ce projet), je partage avec vous un premier joyau en attendant que vous puissiez lire le livre.
Soit dit en passant, vous pouvez décider comme moi d’épousseter votre pratique de l’allemand, aussi je vous révèle le titre du livre : Moshé Feldenkrais, der Mensch hinter der Methode, de Christian Buckard (Moshé Feldenkrais, l’homme derrière la méthode).
Si nous revenons au français, voici le joyau que je souhaite partager ici. Dans le premier chapitre, on y décrit la rencontre entre Feldenkrais et David Ben Gourion, l’homme politique qui a été le pilier fondateur de l’état d’Israël. À cette époque, Ben Gourion souffrait terriblement de son dos et la longueur des discours qu’il devait donner allait bien au-delà de ce qui lui était confortable.
Encouragé par plusieurs personnes, Ben Gourion souhaita rencontrer Feldenkrais pour lui demander si sa méthode pouvait l’aider. Celui-ci répondit par l’affirmative, pour autant qu’ils feraient ensemble environ 70 séances (Feldenkrais avait remarqué qu’un bon ordre de grandeur pour aller jusqu’à une amélioration majeure était l’âge de la personne ; donc 70 ans = 70 séances. Il va de soi que les améliorations se font sentir déjà bien avant).
Se posa a lors la question du temps. Ben Gourion demanda à Feldenkrais de venir tous les jours pendant deux mois, ce à quoi Feldenkrais répondit en doutant qu’il réussirait à trouver le temps pour cela. Mais Ben Gourion insista en signalant que lui-même trouverait ce temps, pourtant il était lui aussi un homme quelque peu occupé…
Le paragraphe suivant dans le livre est comme un grand coup de gong qui résonne longtemps. Par la suite, Feldenkrais affirma :
Pour améliorer ses facultés, cela exige du temps. Sans la maîtrise du temps, il ne peut y avoir ni connaissance, ni amour, ni amélioration de l’aptitude. La première chose qui m’a complètement abasourdi quand nous avons fait connaissance, c’est de voir la grande quantité de temps libre que prenait Ben Gourion. Cet homme, qui clairement n’avait pas peu de choses à faire, trouvait chaque jour de nombreuses heures pour apprendre et pour lire […]. Sa capacité à laisser le travail de côté et à se consacrer en un clin d’oeil à une autre activité était vraiment incroyable. Il fallait le voir pour le croire.
Nous pouvons poser la question suivante : comment avoir l’impression d’avoir du temps pour tout ? Le travail est fait et il nous reste du temps pour cultiver la connaissance, l’amour et l’aptitude. Vaste sujet de méditation en ces temps où nos smartphones nous assaillent pour capter notre attention !
Je vous laisse méditer et je suis curieux de connaître votre avis sur la question !