Cruel optimisme
Avez-vous l’impression que vos facultés d’attention se sont dégradées avec les années ? Parfois on se dit que c’est la fatigue, une forme de vieillissement…
Mais en lisant Stolen Focus de Johann Hari, il n’y a plus aucun doute que notre mode de vie actuel déverse de l’acide sur nos capacités naturelles à être attentif et attentive, à planifier tranquillement ce que l’on va commencer et terminer, à distinguer les grandes lignes, les détails importants…
Au milieu de ce livre passionnant, je découvre une notion puissante : l’optimisme cruel. En deux mots, il s’agit de tous ces discours qui invitent :
- à mieux choisir ses aliments pour mincir alors que la société a inondé les rayons de produits sucrés et addictifs, qui nous attirent encore plus quand nous sommes agressés et agressées si fréquemment,
- à faire du sport alors que nos villes encouragent la voiture,
- à choisir de saines lectures alors que Netflix travaille d’arrache-pied pour engluer ses spectateurs dans des séries divertissantes.
Vous avez l’idée… Il fut un temps où l’on n’avait pas d’autres aliments que du bio et pas transformé, où l’on allait à pied ou en vélo, où les soirées laissaient une large place à la lecture.
Faible ou mal entouré•e ?
Ainsi, quand on a du mal à se concentrer de nos jours, il y a deux écoles : d’aucuns appellent à « plus de discipline », d’autres se rendent compte qu’il faut créer un environnement qui favorise ce que l’on souhaite faire…
Pour ma part, je penche fortement vers l’amélioration de l’environnement et j’adopte très volontiers une amusante métaphore proposée dans le livre : si on utiliser un escalator, c’est mieux de ne pas être sur celui qui va en sens contraire de là où l’on veut aller. On apprend à être en bonne santé et à savoir marcher ou monter les escaliers, mais aussi à se mettre dans des conditions favorables pour réussir ce que l’on a envie de réussir.
Si on se trouve dans un escalator qui va en sens contraire de là où l’on aimerait aller, l’optimisme cruel est une proposition de faire plus de musculation et d’entraînement pour arriver plus vite en haut de l’escalator quand bien même celui-ci nous complique la tâche inlassablement. C’est cruel car celui qui « encourage » passe sous silence que si on est lent, c’est en partie à cause de l’escalator, ce n’est pas parce qu’on est feignant, ou faible, ou que l’on manque de discipline.
Créons des environnements bienfaisants
Pour ce qui concerne mes activités sur Feldenkrais Replay, cette notion me fait évoluer. Plutôt que de vous donner « plus de ressources déstressantes », je compte aussi fabriquer de petits paradis où l’on peut se détendre à l’abri des sources de stress, un espace avec « moins de bruit ».
Pour l’instant, ce ne sera pas des lieux physiques mais des espaces sur le site ; il n’en reste pas moins que j’espère que nous pourrons construire des sortes d’oasis, des endroits où le soleil est moins brûlant, où l’on peut étancher sa soif, redonner à son corps et son esprit leurs meilleures dispositions. ☺️
Vous pouvez commencer dès maintenant chez vous aussi : quel petit changement dans votre environnement sera favorable à vos souhaits d’amélioration ? 😊 Parfois, il suffit d’éteindre l’escalator et ça va bien mieux 😊
Crédit photo Midjourney.