Dans cet article, je vous propose de vous dire comment un quadragénaire (votre serviteur) reprend la natation après des années d’arrêt, et comment il utilise Feldenkrais pour éviter les blessures et améliorer sa nage. Eh oui, expérience ou pas, chaque organisme a besoin de façons de ne pas se blesser, surtout dans une activité régulière, répétitive, éventuellement à haute intensité qu’est la natation.
Au hasard de mes promenades sur Facebook, j’ai retrouvé une vidéo où j’apparais et — amusante sensation puisque j’en avais oublié les détails — j’ai trouvé particulièrement bien résumée ma position sur la question suivante : quelle serait la place de Feldenkrais dans une pratique sportive ?
En quelques minutes, voici ce qui est ressorti de cette interview :
Comme je l’évoque dans cette vidéo, Feldenkrais ne remplace pas l’entraînement mais il trouve sa place pour fluidifier ce chemin entre l’investissement (en temps et en énergie) et les résultats (en plaisir et/ou en performance).
Quand un quadragénaire nage de nouveau, ça couine…
Prenons un exemple personnel : j’ai nagé aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, puis je me suis détourné de la natation pendant longtemps pour faire beaucoup d’Aïkido. Mais depuis un peu plus d’un an, je nage de nouveau deux ou trois fois pas semaine, pas au même niveau qu’avant mais je retrouve le plaisir de voir mes aptitudes se développer de nouveau. Il arrive que je me trouve véloce et efficace, le chronomètre confirme que c’est correct.
Cela dit, je rencontre de nombreux écueils sur ce chemin : j’ai eu des périodes où mes deux épaules étaient douloureuses, parfois un pied, les genoux se souviennent de mes 15 ans d’Aïkido… Mais à chaque fois, je remercie ma formation en Feldenkrais car :
- je sens précisément là où je dois faire attention pour ne pas foncer dans une spirale où une inflammation grandit et impose de s’arrêter, je sais aussi quand je dois demander l’aide d’un ostéopathe ou d’un praticien Feldenkrais,
- quand quelque chose grince un peu, j’explore quelques options « à la Feldenkrais » ; parfois c’est infructueux, mais parfois j’ai la grande satisfaction d’avoir trouvé comment nager en « effaçant » la difficulté qui amenait de la douleur. Séance après séance, le paysage change et je sens que ma nage est de plus en plus saine, dans le sens où je peux nager plus sans risque de blessure. Ceci est le fruit d’un apprentissage progressif, la coordination se modifie graduellement.
Hier, j’étais dans l’eau et je sentais un inconfort dans une épaule. Je sentais que cet inconfort pouvait conduire à une douleur si j’insistais de la même façon. Alors entre deux longueurs, j’ai bougé doucement l’omoplate dans les différentes directions où elle peut glisser sur la cage thoracique. Pour compléter les sensations j’ai palpé la clavicule dans ce mouvement car elle participe à la plupart des mouvements de l’omoplate. En deux mots : je me suis souvenu — corporellement — de certaines libertés des os de l’épaule, explorées lors de séances de Feldenkrais. Une fois ces possibilités ramenées, je suis reparti sur une longueur en me demandant comment ça irait : youpi, plus de douleur, et la sensation que mon organisme cherchait une nouvelle façon de conjuguer force et relâchement. J’ai pu continuer avec plaisir, laisser d’autres tracas venir au premier plan ou bien me contenter de ce que j’avais trouvé.
Quand sa propre force dépend de la sensation de connexion plus que de la force de chaque muscle séparé
Un autre court exemple le même jour : je commence à deviner un peu mieux comment améliorer mon battement de jambes en dos en sentant la connexion entre le pied et une région assez haute sur le tronc. J’ai eu une sensation que j’étais plus fort quand le mouvement se distribuait sur toute une chaîne, alors que je fatigue plus vite si je ne pense qu’au genou qui se plie et déplie. J’ai les mêmes muscles, mais l’image que j’ai du mouvement fait que j’ai plus ou moins de force et de plaisir.
Mettre de « l’huile Feldenkrais » pour que l’entraînement soit fluide
En résumé : la progression en natation consiste parfois à augmenter sa force et son endurance, mais parfois il s’agit de trouver de nouveaux chemins pour mieux utiliser la force que l’on a déjà. Qui plus est, le chemin contient de nombreuses occasions de mieux comprendre comment faire avec aisance ; ceci est vivement recommandé, sinon c’est malheureusement une blessure qui nous motivera à faire ce travail.
- Hum, vous qui faites du sport en général ou de la natation en particulier, que faire maintenant ? Voici mes recommandations concernant Feldenkrais : mon confrère Franck Koutchinsky a écrit un livre de très belle qualité sur les relations entre Feldenkrais et le sport. Vous trouverez ici les références, mais évidemment que votre libraire préféré peut l’acheminer jusqu’à vous.
- Peut-être est-ce le bon moment pour aller voir un(e) de mes confrères-consoeurs pour une séance individuelle ? Voici un annuaire pour voir s’il y en près de chez vous. En deux mots, une séance individuelle peut être comparée à une séance d’ostéopathie très douce, mais elle en diffère du fait de sa composante éducative. En effet, le(la) praticien(ne) attirera votre attention sur ce qui est présent au début et ce qui change au fil de la séance. Ainsi, vous n’êtes pas l’objet d’un « traitement » mais on vous aide dans votre processus de prise de conscience et d’amélioration.
- Enfin, pour l’heure je n’ai pas pris le temps d’organiser de nouveaux ateliers sur la natation, mais il nous reste les enregistrements de l’an dernier (dont je reste très fier 🙂 ). Voici le lien pour y accéder : oh la jolie série !
Vous voilà prêt(e) pour agrandir un peu votre zone de confort, qui sait comme votre activité peut devenir plus simple ? Aïe, cette remarque me donne envie de vous raconter une autre anecdote d’hier, où une jeune homme et une femme ont appris à nager avec beaucoup plus d’aisance, mais ça sera pour un prochain article !